Le vélo, sport national en Bretagne 

HENRI CARESMEL

Le vélo, sport national en centre Bretagne

La Bretagne est une terre de vélos et les Bretons les plus fervents acharnés de la petite reine. Il suffit de regarder le Tour de France ou autre compétition cycliste à la télé pour constater que les drapeaux bretons fleurissent sur tous les circuits, dans tout l’Hexagone et même à l’étranger.

Il est impossible ici d’être exhaustif. Pour les besoins de l’exposition nous avons rencontré trois figures qui portent fièrement les couleurs du cyclisme.

Dans le secteur de Loudéac, si le vélo a toujours été un sport très pratiqué, à partir de 1938, il a ouvert un nouveau chapitre de son histoire grâce à Henri Caresmel qui a créé le VCL (Vélo Club Loudéacien). « Henri Caresmel était coiffeur-papetier, il a pris la présidence de l’association et s’est entouré de bénévoles qui lui faisaient confiance » confie Daniel Gentilhomme qui lui succédera en 1978.
Henri Caresmel a acheté une partie du bois des Noëlles à Loudéac juste après la guerre afin d’y construire un vélodrome. Il a financé son achat en faisant appel aux dons et grâce à la revente de terrains en terrains à bâtir. La construction du vélodrome est lancée en janvier 1946 et terminée en mai de la même année. Il a été construit avec des bénévoles et l’entrepreneur loudéacien M. Henaux. Il a été inauguré en juin 1946. La première version était en terre battue puis il a été bitumé par le VCL deux ans plus tard et remis en état en 1977 à l’occasion des championnats de France universitaire sur piste.
Le vélodrome accueillait trois sortes de rendez-vous : des réunions régionales pour la Bretagne ; un rendez-vous plus important avec des spécialistes nationaux de la piste dans les années 50 à 70 et une sorte « d’après Tour de France » avec des coureurs bretons ayant participé à la grande boucle et des vedettes comme Poulidor. « C’était plus pour le spectacle que pour la compétition et ce genre d’épreuve réunissait 2 500 à 3 000 personnes au vélodrome ».

Les passionnés de vélo de l’époque, se souviennent d’un coup d’éclat d’Henri Caresmel. Il a mobilisé la presse sportive nationale sur une décision abracadabrante : ouvrir les compétitions aux 2ème et 3ème catégories chez les amateurs avec des prix allant jusqu’à 100.000 F de l’époque.
Le président a aussi su s’entourer de sponsors (Olida, Kercadelac, Chevalier…) permettant d’avoir une équipe sérieuse aux niveaux régional et national.
Henri Caresmel est resté président jusqu’en 1978. Son décès est survenu bizarrement au vélodrome. Il faut savoir que le cyclisme sur piste se pratique toujours sur des vélos à pignons fixes, c’est-à-dire que le pratiquant est obligé de pédaler en permanence jusqu’à l’arrêt complet. En 1981, lors d’une réunion au vélodrome quelques coureurs s’entraînent, et voulant donner le départ, il est renversé par un cycliste. Il est transporté à Pontchaillou à Rennes où il décédera de ses blessures. Suite à son décès, son nom a été donné au vélodrome.

C’est Daniel Gentilhomme qui lui a pris sa suite à la présidence du club. « J’ai joué au foot jusqu’à l’âge de 34-35 ans, parallèlement j’étais correspondant local de presse pour Ouest France pour le foot et de fil en aiguille on m’a aussi confié la page vélo amateur ». Son premier reportage il l’a fait à Saint-Caradec en 1970. « C’était un tout petit circuit, il y avait beaucoup de doublés et les organisateurs étaient un peu perdus au moment du classement. Ils ont finalement adopté celui que je leur ai proposé ». La semaine suivant il est sollicité comme dirigeant du VCL.

Le VCL, outre le fonctionnement du vélodrome a aussi connu une activité importante sur route avec le contrôle technique des courses cyclistes se déroulant sur le secteur. Il faut savoir que dans les années 1960 à 1990 il y avait une course amateur dans chaque commune « ça attirait beaucoup de monde, je me souviens du grand prix de la mi-août à Saint-Hovec (Loudéac) où on a pu voir jusqu’à 15 000 spectateurs ».
Il y avait aussi les critériums d’après Tour de France à Callac, Le Quillio et Plessala, l’occasion de voir les champions tels Poulidor, Fignon, Hinault… « Les entrées étaient payantes mais il fallait aussi aller à la pêche aux sponsors pour collecter 50.000 Francs avant de démarrer ».

En 2009, le vélodrome est racheté pour l’Euro symbolique par la Cidéral (communauté de communes) et un vélodrome tout neuf est actuellement en construction.

Jean-Yves Mahoudo est aussi une figure du cyclisme en centre Bretagne. Dans sa jeunesse il a joué au foot « car le matériel pour faire du vélo coûtait cher ». Il est venu au vélo en 1982, quand son fils est entré à l’école de cyclisme du VCL. En 1988, une association « La Ronde des Vallées » est née à Hémonstoir, organisant une épreuve éponyme à destination des juniors. Jean-Yves en devient le président en 1992, poste qu’il occupe encore aujourd’hui. « C’est devenu un événement incontournable pour les juniors du monde entier ». On retrouvera nombre d’entre eux chez les professionnels. Au début c’était une course en ligne d’un centaine de kilomètres sillonnant les communes autour d’Hémonstoir, réservée aux équipes françaises. L’épreuve est devenue internationale en 96-97. Elle se court aux alentours du 15 août et comporte depuis 3 étapes dont un contre-la-montre.

A la suite de Daniel Gentilhomme, Jean-Yves Mahoudo a aussi été président du VCL pendant 18 ans « suite à la fusion en 2000 du VCL et du club de VTT ».

Impossible de parler vélo en Bretagne sans présenter le Caradocéen Alexandre Léauté, champion paralympique à Tokyo en 2021.
Alexandre souffre d’une hémiplégie du côté droit. Né en 2000 dans une famille de cyclistes, il a commencé la compétition à 14 ans, au VCL. « Je n’ai jamais fait d’éclats, mais j’ai toujours fini les coures ». « A l’époque je ne connaissais pas le handisport. Je l’ai découvert en 2018 et suis parti en sport étude au pôle France à Urt dans les Pyrénnées Atlantique». Grâce à un entraînement intensif et un mental d’acier, Alexandre devient champion du monde, pour la première fois en 2019, puis il sera 4 autres fois champion du monde en 2020 et 2021 dans des épreuves sur route et sur piste. Sélectionné pour les jeux de Tokyo, il en revient avec 4 médailles dont une en or. « C’était génial d’entendre La Marseillaise, j’espère la faire retentir aussi à Paris en 2024 ».
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Tout en se préparant pour ce grand rendez-vous, Alexandre va à la rencontre des jeunes dans les écoles, collèges et lycées « j’essaie de donner un maximum de mon temps pour les jeunes. Je veux partager mon parcours le plus possible ».

Il ne faut pas oublier les féminines :
Julie Bressé, médaillée d’or en VTT aux jeux olympiques de Londres en 2012.
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Audrey Cordon Ragot, multiple championne de France dans différentes disciplines cyclistes.

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pour les plus connues mais il y en a tellement plus.

Autre preuve de l’engouement pour le vélo, s’il en faut : l’arrivée d’étape du tour de France en haut de la côte de Menéhiez à Mur de Bretagne. On voit rarement une foule aussi importante réunie en même lieu, sans compter les innombrables supporters massés tout au long des routes.

Le centre Bretagne donne aussi la part belle aux cyclotouristes. Des centaines d’amoureux de la petite reine se retrouvent le dimanche matin sur les routes pour pratiquer leur sport préféré, sans esprit de compétition, juste pour le plaisir. C’est d’ailleurs cet esprit qui fait de Loudéac un des points d’accueil du Paris-Brest-Paris. Durant quatre jours plusieurs dizaines de bénévoles, cyclos ou pas, se relaient pour accueillir, restaurer, coucher ces fous qui dorment à peine quelques heures durant leur périple. Et c’est aussi cet esprit qui permet d’accueillir cet été, à Loudéac, la Semaine Fédérale, rendez-vous international où 12.000 cyclotouristes sont attendus début aôut.