Promenade à ciel ouvert

Saint-Caradec accueille cet été une exposition d’envergure autour de l’œuvre du peintre Lucien Pouëdras. Au travers d’une soixantaine de tableaux reproduits en grand format, La Mémoires des Saisons invite à un formidable voyage dans le temps et l’espace.

Un voyage immersif au coeur du bocage breton détruit par le remembrement, que la peinture de Lucien Pouëdras restitue dans toute sa richesse. Un voyage dans le monde rural d’avant la mécanisation, rythmé par les saisons, le travail des champs, les veillés et les fêtes familiales.

Précises et documentées, les peintures de Lucien Pouëdras fourmillent de détails et de couleurs. Mais l’artiste-paysan est aussi un remarquable conteur. Il accompagne chacun de ses tableaux d’un récit vivant : dans les pas du peintre, on découvre une multitude d’histoires émouvantes qui dessinent les contours d’un monde familier pas si lointain, bien qu’on le dise “révolu”.

“ La nature sauvage ne m’inspire pas. [Mon sujet] c’est la nature accompagnée au quotidien par celui qui la vivait “ Lucien Pouëdras

Une œuvre contemporaine

Si l’œuvre de Lucien Pouëdras s’attache à faire l’inventaire d’un monde disparu, elle prend ses distances avec toute forme de nostalgie.

L’oeuvre tire sa force d’une volonté de transmission. Transmission d’une mémoire agissante et productrice de sens, qui puisse devenir source d’inspiration pour les jeunes générations.

Là réside sa modernité. Dans ces paysages peints où les hommes vivent et s’épanouissent en accord avec la nature. Dans la biodiversité qui s’exprime en couleur sur la toile avec force et poésie. Dans cette communauté relationnelle entre les hommes, les animaux, la terre et le non-vivant, l’invisible et le sacré.

Biographie de Lucien Pouëdras

Né en 1937 à Languidic dans une famille d’agriculteurs, Lucien Pouëdras a vécu une enfance heureuse dans un monde rural que la modernité n’avait pas encore bouleversé. Collégien à Baud puis pensionnaire du Lycée de Lorient, il suit assidument les cours de dessin et parle le breton. En 1956, il doit arrêter ses études et liquider l’exploitation familiale.

Après deux ans de service militaire en Algérie, Lucien Pouëdras rentre en Bretagne et constate que sa campagne s’est métamorphosée sous les effets de la modernisation de l’agriculture, et du remembrement effectué à marche forcée. Le bocage n’est plus.

Dès la fin des années 60, il choisit de prendre le pinceau pour témoigner du monde rural de son enfance qui disparaît. Il enquête auprès de la famille et des anciens, et consigne par écrit les souvenirs.